Le champ de la promotion de la santé en France est constitué de nombreux acteurs dont les niveaux d’expérience et d’expertise sont hétérogènes [1]. Tous contribuent à la richesse des programmes et des actions menés à différentes échelles. Certains sont impliqués dans des structures dont l’essentiel des missions relève de l’élaboration et l’accompagnement de projets en promotion de la santé : associations thématiques, réseau de Fédération Promotion Santé (ex-Fnes)… D’autres sont issus de domaines différents : l’éducation, l’insertion, le secteur médicosocial ou socio-judiciaire… avec des modes d’intervention plus ponctuels et une expertise moindre en promotion de la santé.
Depuis quelques années, dès lors qu’ils sollicitent des financements publics, tous ces acteurs sont confrontés à une demande forte des institutions d’appuyer leurs actions sur des données dites « probantes ». Mais cette nouvelle injonction pose des questions portant à la fois sur la nature, la production, et l’accès à ces données. Une étude menée par la Société française de santé publique [2] auprès de plus de 400 acteurs impliqués dans le champ de la promotion de la santé a montré que près de 70 % d’entre eux n’accèdent pas à des publications scientifiques par manque d’accompagnement à la recherche documentaire, par manque de temps et de moyens pour se procurer des publications payantes, et par manque de maîtrise de l’anglais. Lemire [3] souligne qu’en santé publique, « il existe un écart important entre les connaissances disponibles et leur utilisation ». Faciliter cette utilisation suppose, entre autres, d’élaborer des dispositifs de partage de connaissances intégrant la production, la traduction et la diffusion de celles-ci. Mais cela nécessite des préalables : identifier la nature de ces connaissances et leurs finalités, élaborer des méthodes visant à les construire et asseoir leur légitimité.
De plus, ces mêmes acteurs sont peu engagés dans des processus de publication : non seulement, cette fonction est peu intégrée aux fiches de poste des professionnels en promotion de la santé (la rédaction de documents étant centrée sur les bilans d’activité dans une perspective de rendre compte plus que dans une perspective d’élaboration de connaissances à partager), mais il existe peu de revues francophones à comité de lecture susceptibles d’accueillir leurs travaux. Par conséquent, retrouver leurs écrits, dont l’essentiel relève de la littérature grise et échappe à la plupart des bases de données bibliographiques, est difficile.
Dans ce contexte, cet article se propose de présenter l’émergence et la structuration du dispositif CAPS – Capitalisation des expériences en promotion de la santé – centré sur la production et la diffusion de connaissances expérientielles en promotion de la santé en France.
EN SAVOIR PLUS / https://stm.cairn.info/revue-sante-publique-2024-4-page-61?lang=fr
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Promotion de la santé fondée sur les preuves : place de la capitalisation des expériences et des connaissances expérientielles