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Comment les médecins généralistes s’adaptent-ils à la sous-densité médicale ?

✍️ Guillaume Chevillard, Bruno Ventelou, Pierre Verger, Yann Videau – Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) – octobre 2025
4 novembre 2025 par
Comment les médecins généralistes s’adaptent-ils à la sous-densité médicale ?
Daniel Oberlé - Pratiques en santé Oberlé
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🩺📉 Sous-densité médicale : comment les généralistes tiennent-ils le cap ? Des stratégies d’évitement aux coopérations pluriprofessionnelles, découvrez les adaptations (et leurs limites) face à la pénurie.

Un contexte territorial sous tension

La France fait face à une baisse de 20 % de l’accessibilité aux médecins généralistes (MG) entre 2015 et 2023, exacerbée par le vieillissement de la population et la réduction du numerus clausus entre 1980 et 2005. En 2025, 36,7 % de la population vit dans des zones prioritaires pour l’installation des MG, et 39 % dans des zones d’action complémentaire. Les disparités territoriales s’aggravent, avec des délais d’attente accrus et 11,4 % de la population sans médecin traitant. Les mesures de régulation (aides financières, MSP, CPTS) montrent des résultats mitigés, notamment en raison de la liberté d’installation et de l’attractivité limitée des zones rurales.

Des adaptations variées, mais souvent insuffisantes

Les MG développent quatre types d’adaptations : l’évitement (départ ou arrêt d’activité), l’ajustement du temps de travail (sans augmentation significative dans les zones sous-denses, mais avec une intensification des consultations), la réorganisation collective (MSP, délégation de tâches), et la modification des pratiques (réduction du temps de consultation, refus de nouveaux patients). Si les MSP attirent les jeunes médecins et améliorent la qualité des soins, leur efficacité reste limitée par des barrières professionnelles et un manque d’intégration. Les adaptations individuelles, comme la réduction du temps de formation ou l’espacement des suivis, risquent de pénaliser la qualité des soins.

Source 

ℹ️➕ https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/301-comment-les-medecins-generalistes-s-adaptent-ils-a-la-sous-densite-medicale.pdf

Références complémentaires

Points clés du document

  • Départs accrus : Les territoires sous-dotés subissent un turnover plus élevé de MG, avec 13 % de départs actifs (hors retraite) contre 11,3 % dans les zones bien dotées.
  • Intensification du travail : Pas d’augmentation du temps de travail, mais +20 % de consultations par heure en zone sous-dense, avec une baisse globale du temps travaillé post-Covid.
  • Coopérations émergentes : Seuls 20 % des MG exercent en MSP, et moins de la moitié y délèguent des tâches, malgré des gains potentiels en qualité et en revenus.
  • Risques de mal-adaptation : 50 % des MG réduisent leur temps de formation, et 27 % diminuent la durée des consultations, compromettant la qualité des soins.
  • Limites des politiques publiques : Les incitations financières et les MSP ne suffisent pas à compenser la raréfaction, notamment en raison de freins culturels et organisationnels.

Pistes d’action pour les acteurs locaux

  • Renforcer l’attractivité des MSP : Promouvoir des modèles de rémunération pluriprofessionnelle et forfaitaire pour encourager la coopération (ex : assistants médicaux, IPA).
  • Cibler les jeunes médecins : Utiliser les MSP comme levier d’installation en zones sous-dotées, en mettant en avant la qualité de vie au travail.
  • Adapter les pratiques : Former les MG à la délégation de tâches et à l’utilisation d’outils de e-santé pour optimiser leur temps médical.
  • Évaluer les besoins locaux : Cartographier les zones critiques et ajuster les aides en fonction des spécificités territoriales (ex : mobilité des MG retraités).

Analyse transversale (Pratiques en Santé)

  • Littératie : Le document ne propose pas d’outils spécifiques pour adapter la communication aux niveaux de compréhension variés des patients.
  • Empowerment : Les bénéficiaires ne sont pas impliqués dans la conception des adaptations, qui restent centrées sur les professionnels.
  • Participation : Les MSP favorisent une co-construction limitée entre MG et paramédicaux, mais sans mécanismes formalisés de participation des patients.
  • Santé communautaire : La dimension collective est partiellement intégrée via les MSP et CPTS, mais leur efficacité dépend du degré d’intégration locale.
  • Éthique : Les biais culturels et sociaux ne sont pas explicitement traités, bien que les inégalités territoriales soient soulignées.
  • Droits humains : L’approche respecte l’équité, mais les refus de nouveaux patients limitent l’inclusion.
  • Intersectorialité : Les partenariats avec les infirmières et autres paramédicaux sont encouragés, mais restent minoritaires.
  • Partenariat : Les modèles de collaboration (MSP, CPTS) sont formalisés, mais leur déploiement est inégal.

Synthèse : Le document identifie des leviers concrets (MSP, délégation), mais omet une approche systémique incluant patients et acteurs sociaux.

  • Pertinence scientifique : Étude basée sur des données SNDS et Panel Drees, avec une méthodologie robuste (analyses quantitatives et qualitatives).
  • Actualité : Données à jour (2023-2025) et projections réalistes (Drees).
  • Approche evidence-based : S’appuie sur des indicateurs validés (APL, turnover) et des comparaisons internationales.
  • Limites : Peu de focus sur l’impact patient et les solutions intersectorielles (social, éducation).

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