Élaborer des recommandations en soutien à la prise de décision en santé publique : méthodes et critères

19 juillet 2023 par
Élaborer des recommandations en soutien à la prise de décision en santé publique : méthodes et critères
Daniel Oberlé - Pratiques en santé Oberlé

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L’objectif de ce document est de contribuer à la réflexion sur la prise de décision basée sur des données probantes en santé publique et soutenir les travaux de l’INSPQ visant la mise à jour des repères méthodologiques et procéduraux pour la formulation de recommandations à l’INSPQ.


Faits saillants

L’élaboration de recommandations en santé publique comporte des défis qui lui sont propres en raison de la complexité des questions posées, des assises théoriques à considérer, du nécessaire regard interdisciplinaire pour y répondre et des types de devis d’étude qu’il est possible de réaliser dans ce domaine

Diverses méthodes et critères existent pour soutenir l’élaboration de recommandations en santé publique. Plusieurs des critères utilisés par ces méthodes se recoupent

Il n’existe pas de consensus pour le choix d’une méthode à privilégier pour élaborer des recommandations au regard d’interventions de santé publique ou d’expositions à un agent infectieux, une habitude de vie ou un contaminant environnemental

Les méthodes recensées comportent généralement deux étapes. La première vise à déterminer la force de la preuve scientifique d’un ensemble de données probantes et la seconde sert à formuler une recommandation à partir de la preuve scientifique et d’autres critères pertinents

Lors de la première étape, des approches systématiques et standardisées sont utilisées pour catégoriser les études selon leur devis et d’autres critères (p. ex. qualité, nombre, validité interne, précision et cohérence des résultats)

À la seconde étape, la force de la preuve scientifique est utilisée pour formuler une recommandation préliminaire. Celle-ci est ensuite pondérée et finalisée par une délibération sur d’autres critères qui incluent des considérations de valeurs, de contexte social, économique ou éthique (p. ex. impact sur les inégalités, rapport coût-efficacité, faisabilité, acceptabilité)

La méthode GRADE (ou une adaptation de celle-ci) est utilisée par bon nombre d’organisations qui émettent des recommandations en santé publique. Conçue initialement pour le domaine de la médecine clinique, cette méthode est reconnue pour son caractère systématique et sa rigueur. Elle présente toutefois des limites dans son application au secteur de la santé publique, et ce, malgré les ajustements apportés plus récemment par ses concepteurs

D’autres méthodes sont plus proches des pratiques de la santé publique, dont celles du Community Preventive Services Task Force (CPSTF) et de l’United-States Preventive Services Task Force (USPSTF). Elles présentent, comme GRADE, une approche systématique à l’élaboration de recommandations

Enfin, quelle que soit la méthode retenue, la transparence est requise pour la description de la méthode et des critères utilisés à chaque étape. Le nom et la provenance des personnes impliquées dans l’élaboration des recommandations doivent aussi être explicites. À cela, s’ajoute la mention de tout conflit d’intérêt apparent ou potentiel.