« Faire pour moi mais pas sans moi » : pourquoi passer de l’inclusion à l’inclusivité
Assistance, intégration, inclusion : quels sont les modèles qui ont défini, structuré, façonné le rapport de nos institutions éducatives ou sociales à ceux qu’ils visent à accueillir et accompagner, notamment les plus vulnérables ou ayant des besoins spécifiques ? Les mots sont une porte d’entrée privilégiée pour saisir le rapport entre les hommes et le monde, et dans notre cas précis, pour explorer le sens des pratiques sociales. Donnant forme au réel, les mots constituent de véritables guides symboliques à nos actions : sachons donc écouter ce qu’ils ont à nous dire ! L’article publié ce 26 janvier 2022 par Eric Dugas dans The Conversation propose ainsi une réflexion féconde sur les différents concepts qui se sont succédé pour caractériser le rapport entre les institutions et les personnes. En partant du contexte du handicap, ce travail des mots pose plus généralement la question de la participation des populations aux dispositifs (qu’ils soient éducatifs, politiques, sociaux, médicaux…) qui les concernent. Rappelant leur caractère indissociable, c’est finalement l’équilibre du volet structurel (l’environnement, l’écosystème dans lequel évolue les personnes) et du nécessaire développement des capacités des personnes qui se trouve réinterrogé.
Cette réflexion est omniprésente et guide la Chaire UNESCO EducationS & Santé dans le développement de ses différentes activités : « faire avec moi mais pas sans moi » est à la fois une injonction éthique et une nécessité pour la pertinence, la durabilité et l’efficacité des dispositifs. Qu’il s’agisse d’accompagner des structures de soins à domicile dans le passage d’une logique de suppléance à une véritable stratégie de promotion de la santé, plaçant les personnes accompagnées au centre du dispositif, ou de développer des projets de recherche sur les conditions pour permettre la participation réelle des enfants et des jeunes aux dispositifs qui les concernent, la Chaire est engagée avec sa communauté dans cette dynamique collective d’ambition mondiale.
Les maladies non transmissibles dans 53 pays : un nouvel outil pour la visualisation de données proposé par l’OMS/Europe
L’OMS/Europe a présenté un nouveau tableau de visualisation qui permet de visualiser facilement les principales données concernant les maladies non transmissibles (MNT) en Europe, les politiques mises en place pour y répondre et les avancées dans la réalisation des objectifs dans ce domaine.
Ces données sont présentées dans des graphiques interactifs et simples d’utilisation, qui proposent une vue d’ensemble de la situation et son évolution dans chacun des 53 États membres de la Région européenne de l’OMS. Mettant en évidence la nature complexe et changeante des MNT, ce nouveau tableau de visualisation de données est un outil utile pour les décideurs, les chercheurs et la population.
Un tableau de bord complet intégrant les facteurs de risque et indicateurs de suivi
Le tableau se compose de 7 graphiques, reprenant l’ensemble des données dont dispose l’OMS Europe sur chacun des 53 pays. Ils permettent de visualiser 4 grands groupes d’indicateurs :
la mortalité prématurée (due aux 4 grandes MNT et au principal groupe de MNT dans un pays donné) ;
les facteurs de risque biologiques (prévalence de surpoids/d’obésité et d’hypertension) ;
les facteurs de risque comportementaux (tabagisme et niveau de consommation d’alcool) ;
les indicateurs de suivi des progrès (mise en œuvre des mesures recommandées par l’OMS pour lutter contre les MNT).
Des tendances différentes pour les pays
Les MNT sont, de loin, la principale cause de mortalité dans la Région européenne de l’OMS. Ensemble, les 4 principales MNT (maladies cardiovasculaires, cancer, diabète et affections respiratoires chroniques) sont responsables de près de 75 % des décès dans la Région.
Cependant les données montrent que les grandes tendances sont différentes selon les pays et les régions, notamment concernant la prévalence des maladies cardio-vasculaires qui reste élevée en Europe centrale ou en Asie centrale, alors qu’en Europe occidentale, le cancer devient la 1e cause de décès prématuré.
Tableau de bord de l’OMS/Europe sur les MNT (en anglais seulement)
Publication (en anglais) – Analyse des programmes d'éducation des jeunes en milieu scolaire financés par l'industrie de l'alcool
Si depuis des décennies les industries du tabac et du pétrole utilisent les programmes d’éducation en milieu scolaire pour diffuser au sein des jeunes des discours, idées et valeurs favorables à leurs produits, il n’existait à ce jour aucune recherche scientifique portant spécifiquement sur les programmes d’éducation financés par l’industrie de l’alcool.
L’article publié de 12 janvier 2022 propose une étude détaillée de 3 programmes d’éducation en milieu scolaire diffusés au niveau international, portant sur la consommation d’alcool et ses méfaits sur la santé.
L’analyse montre que les supports pédagogiques se limitent à une compréhension restrictive du problème et de ses causes, en bornant les discours sur la responsabilité personnelle et la consommation modérée d’alcool. Sont invoqués comme causes du problème la pression des pairs, de « mauvais choix », sans mention du rôle joué par le marketing de l’industrie de l’alcool.
Tous les programmes présentent l’alcool comme un produit que les jeunes doivent apprendre à consommer de façon « responsable » quand ils seront adultes, favorisant ainsi une familiarisation et une normalisation de la consommation d’alcool. Les discours s’appuient également sur une présentation sélective des méfaits et notamment une désinformation sur le risque de cancer. La recherche s'est limitée à une analyse du matériel pédagogique et d'autres recherches seront nécessaires pour explorer leur impact sur les jeunes, les enseignants et les discours et normes sociales plus larges.
Cette étude révèle donc des conflits d’intérêt considérables dans la mise en œuvre des programmes d’éducation sur l’alcool en milieu scolaire. Censés éduquer les jeunes sur les méfaits et les conséquences de la consommation d’alcool, ces programmes encouragent avant tout la consommation modérée et « responsable », en se focalisant sur les comportements et les choix individuels. Ces programmes ne permettent pas aux enfants d’accéder à une compréhension globale de la question et de développer une posture critique par rapport à l’alcool. Les auteurs alertent sur le fait que les enfants et les jeunes soient exposés à des documents aussi contradictoires et trompeurs. Ils appellent à l’intervention rapide des décideurs politiques, des praticiens, des enseignants et des parents, et à la cessation du recours à ces ressources financées par l’industrie dans les écoles.
Schalkwyk, M. C. I. van, Petticrew, M., Maani, N., Hawkins, B., Bonell, C., Katikireddi, S. V., & Knai, C. (2022). Distilling the curriculum : An analysis of alcohol industry-funded school-based youth education programmes. PLOS ONE, 17(1), e0259560. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0259560
News de la chaire Unesco "EducationS & Santé"