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Cécile GUILLEMIN
UNIVERSITE TOULOUSE II – JEAN JAURÈS
UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
MASTER II SOCIOLOGIE
MENTION INTERVENTION ET DEVELOPPEMENT SOCIAL
Educatrice spécialisée devenue formatrice en travail social, nous faisons le constat que les travailleurs sociaux sont régulièrement en difficulté pour accompagner les publics sur les questions de l’intimité et de la sexualité. La sexualité fait l’objet de représentations et de tabous y compris chez les travailleurs sociaux, censés porter un regard distancié sur leurs pratiques, et particulièrement lorsqu’il s’agit d’actes interdits par la loi, du domaine de l’impensable, et commis sur des mineurs. Nous nous questionnons, dans ce travail de recherche, sur ce délicat moment où un mineur met en mots pour la première fois auprès d’un travailleur social des faits de maltraitance sexuelle dont il a été victime. Notre démarche se veut inductive, et nous utilisons deux outils méthodologiques de recherche : un questionnaire à visée exploratoire afin de récolter des données sur les représentations des agressions sexuelles sur mineurs, et des entretiens semi-directifs destinés à des personnes ayant subi des agressions sexuelles en étant mineures et à des travailleurs sociaux. Nous considérons que certains positionnements et propos des travailleurs sociaux favorisent les échanges ou, a contrario, les limitent. Les travailleurs sociaux se réapproprient leur rôle dans le cadre de ces révélations, et nous faisons la distinction entre le rôle qui leur est prescrit et leur rôle réel, en soulignant par ailleurs l’importance du portage institutionnel dans lequel s’inscrivent les professionnels. Révéler de tels faits signifie que le mineur se confronte à un vécu traumatique qu’il lui faut revivre en le verbalisant, en dépassant la peur et la honte, souvent premiers freins à la prise de parole. Nous nous interrogeons sur le fait que le dévoilement amène à reconsidérer sa réalité, et à sortir de la position de victime ou de personne « ayant subi » pour s’engager sur le chemin de la reconnaissance sociale. Nous constatons que les savoirs liés à l’accompagnement à la sexualité s’acquièrent le plus souvent de façon expérientielle, et que les contenus de formation sont la plupart du temps insuffisants pour permettre aux professionnels de la relation d’aide d’avoir des connaissances précises mais également de réagir de façon adaptée sur ce sujet. Notre recherche-action se veut avant tout une aide pour les enfants révélant des faits d’agression sexuelle, et vise pour cela à faire corroborer les besoins des professionnels en terme de savoirs déclaratifs et procéduraux afin qu’ils soient mieux outillés en étant confrontés à ce type d’échanges avec des mineurs. La dernière partie de ce travail permet de décliner une action de formation adaptée à cette thématique et abordée sous l’angle de l’éducation à la sexualité. Ce module, destiné à des travailleurs sociaux en formation ou en situation de travail, a pour vocation de leur donner les éléments de compréhension des étapes du développement sexuel humain et de savoir adapter leur accompagnement à la sexualité de tous les publics en respectant les parcours et valeurs de chacun. Il permet également de savoir recueillir puis transmettre la parole d’un mineur révélant des faits d’agression sexuelle dans une posture éducative adaptée.
Le recueil de parole des mineurs par les travailleurs sociaux dans le cadre de révélations d’agressions sexuelles